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Télégrammes

Le Rassemblement national de Le Pen et Bardella a obtenu le 13 janvier la présidence du groupe d’amitié France-Maroc à l’Assemblée nationale française. Ses représentants ont expliqué avoir choisi le Maroc parce qu’il s’agit d’un « grand pays de diplomatie et de développement économique » et d’un acteur « important dans la lutte contre l’immigration », avec une « forte diaspora ». Chacun a les amis qu’il peut.

mardi 14 janvier 2025

« Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose »

« Rima Hassan fait indéniablement partie de ces agents d’influence à la solde du régime d’Alger qui affichent désormais au grand jour leur haine de la France, du Maroc et des juifs, en vue de déstabiliser les « ennemis» de la junte. »


Le360, un site web makhzénien de désinformation, continue sa campagne de propagande sans frontières contre les « ennemis du Trône ». Une de ses cibles de choix est l’eurodéputée de La France Insoumise Rima Hassan, « prétendument d’origine palestinienne ».

Dans un article intitulé Rima Hassan n’est pas la bienvenue au Maroc, Inès Ibnouzahir nous sert une chorba de contre-vérités, d’insinuations et de calomnies :

  • « eurodéputée française d’origine syrienne »
  • « Comparer la Palestine à l’Algérie, établir une similitude entre la France et Israël comme pays colonisateurs, il fallait oser. »
  • « Amoureuse prétendue de la liberté et défenseuse autoproclamée des opprimés, Rima Hassan n’a pourtant pas eu un mot pour Boualem Sansal, un écrivain, malade et âgé de 80 ans, qui croupit depuis le mois de novembre 2024 dans une prison à Alger, cette même ville où elle se pavanait en haïk. »

Cet article est le quatrième de Le360 contre Rima Hassan en moins de 6 mois. Les 3 précédents méritaient tous une médaille en matière de propagande :

Rima Hassan: révélations sur une imposture (22/12/2024)

Revue du web. Quand Rima Hassan dévoile son très mauvais tropisme pro-Algérie (26/9/2024)

L’agenda de Rima Hassan contre le Maroc dévoilé au grand jour (25/9/2025)

Conclusion : il faut expulser Rima Hassan du Maroc et l’y interdire de séjour et inviter Marine Le Pen, Jordan Bardella et leurs semblables, partisans inconditionnels de la marocanité du Sahara, que dis-je, de l’Afrique tout entière, et meilleurs amis des « juifs »…

SOLIDMAR, 14/1/2025



lundi 13 janvier 2025

SABRINA NELSON
La migration illégale comme monnaie d’échange : le jeu diplomatique du Maroc à Ceuta et Melilla

Sabrina Nelson , The McGill International Review, 9/1/2025
Original édité par Rafay Ahmed
Traduit par Tafsut Aït Baâmrane, Tlaxcala


Sabrina est une étudiante de quatrième année qui poursuit un diplôme en sciences politiques avec une mineure en développement international à l’Université McGill à Montréal (Québec). Elle s’intéresse aux droits humains, à la justice sociale, aux crises humanitaires et à la résolution des conflits. Elle est passionnée par les langues et en parle actuellement six.

Immigrants africains à la barrière frontalière entre l’Espagne et le Maroc par ¡¡¡¡ !!!, sous licence CC BY-NC-SA 2.0

Situées sur le continent africain et bordées par le Maroc, Ceuta et Melilla, les enclaves nord-africaines de l’Espagne, sont depuis longtemps des points chauds dans les relations hispano-marocaines, en raison de différends historiques profondément enracinés sur la souveraineté. Le Maroc considère Ceuta et Melilla comme des reliques coloniales espagnoles, affirmant ses liens historiques avec les enclaves à travers les conquêtes islamiques des VIIe et VIIIe siècles, lorsqu’elles ont été intégrées dans l’héritage culturel et historique de l’Afrique du Nord. Dans une lettre adressée à l’ONU en 2022, le Maroc a décrit les enclaves comme « une prison occupée par l’Espagne » et a nié avoir des frontières terrestres avec l’Espagne. L’Espagne, en revanche, affirme sa souveraineté de longue date, citant le contrôle de Melilla depuis 1497 et de Ceuta depuis l’existence de l’Union ibérique (1580-1640), la cession formelle de Ceuta au Portugal ayant eu lieu dans le cadre du traité de Lisbonne en 1668. L’Espagne règne désormais sur Ceuta et Melilla depuis des siècles et les deux enclaves sont actuellement reconnues internationalement comme des villes autonomes régies par le droit espagnol et le droit communautaire européen.

Au-delà du conflit de souveraineté, Ceuta et Melilla sont devenues des sources de tension récurrentes en raison du défi que représente l’immigration clandestine. La situation unique de Ceuta et Melilla sur le continent africain en fait des points d’entrée privilégiés pour les demandeurs d’asile et les migrants qui tentent d’atteindre l’Europe. Le Maroc a stratégiquement utilisé le défi de l’immigration clandestine comme un outil diplomatique, en contrôlant le flux de migrants pour faire pression sur l’Espagne afin qu’elle fasse des concessions politiques, en particulier en ce qui concerne le Sahara occidental. Ainsi, le Maroc a transformé les enclaves en puissantes monnaies d’échange géopolitiques, obligeant l’Espagne à naviguer dans un jeu d’équilibre complexe et délicat.

Carte de Ceuta et Melilla, par Anarkangel, sous licence CC BY-SA 3.0.

Le défi persistant de l’immigration clandestine

Alors que la migration illégale à Ceuta et Melilla a atteint un sommet en 2018 avec 6 800 entrées enregistrées, le problème reste d’actualité. En 2023, on estime à 1 243 le nombre d’entrées enregistrées, ce qui est considérable compte tenu de la taille des enclaves. Toutefois, ces chiffres ne tiennent compte que des migrants interceptés qui ont réussi à franchir la frontière ; l’ampleur réelle des tentatives de franchissement est bien plus importante. Par exemple, pour le seul mois d’août 2023, les autorités marocaines ont bloqué plus de 3 300 tentatives de passage vers Melilla et 11 300 vers Ceuta. La plupart des personnes qui tentent d’entrer dans les enclaves sont originaires du Maroc, d’Algérie, de Tunisie et d’Afrique subsaharienne. Leurs voyages sont principalement motivés par le désir d’une vie meilleure.

Les migrants interceptés à la frontière sont généralement renvoyés au Maroc ou dans leur pays d’origine, sauf s’ils demandent l’asile ou s’ils sont mineurs. Toutefois, la vérification de ces demandes est difficile en raison du manque de documents, et les autorités espagnoles, auxquelles les lois internationales et nationales interdisent d’expulser les mineurs non accompagnés, sont tenues de les prendre en charge. Les demandeurs d’asile sont temporairement détenus pendant que leurs demandes font l’objet d’une évaluation juridique.

Migrants résidant dans le Centre de séjour temporaire de migrants (CETI) entrant dans la mairie de Ceuta, par Fotomovimiento, sous licence CC BY-NC-ND 2.0.

L’immigration clandestine, un embrouillamini de coopération et de conflit

Depuis les années 1990, alors que l’afflux de migrants augmentait, l’Espagne et le Maroc ont coopéré étroitement en matière de migration illégale et de contrôle des frontières, signant même un accord bilatéral en 1992 pour permettre à l’Espagne de demander la réadmission de migrants provenant du Maroc. Au fil du temps, l’Espagne s’est de plus en plus appuyée sur le Maroc pour gérer des portions importantes de sa frontière, une délégation soutenue par l’UE, qui a renforcé ses relations avec le Maroc en tant qu’allié essentiel dans la gestion de l’immigration clandestine. Cette collaboration comprend un soutien financier et politique, comme le programme d’aide de 148 millions d’euros en 2018 pour améliorer la gestion des frontières du Maroc, ainsi que des projets cofinancés par l’Espagne et l’UE pour renforcer les barrières frontalières autour des enclaves.

Si la dépendance de l’Espagne à l’égard du Maroc pour la gestion de ses frontières favorise la coopération, elle a également créé une dépendance stratégique que le Maroc a de plus en plus exploitée ces dernières années. Le Maroc a utilisé la gestion de l’immigration clandestine comme un outil pour exercer une pression politique et faire avancer ses revendications territoriales, notamment en ce qui concerne le Sahara occidental. Le Sahara occidental est un territoire contesté d’Afrique du Nord-Ouest revendiqué par le Maroc et par le peuple sahraoui, qui cherche à obtenir l’autodétermination par l’intermédiaire du Front Polisario.

L’exploitation par le Maroc de la dépendance stratégique de l’Espagne est devenue évidente en avril 2021 lorsque, en réponse à la décision de l’Espagne de fournir un traitement médical au chef du Front Polisario, Brahim Ghali - un acte que le Maroc considérait comme une atteinte à ses revendications de souveraineté - le Maroc a délibérément relâché ses contrôles frontaliers, permettant à environ 8 000 migrants d’entrer à Ceuta. La crise s’est aggravée, poussant l’Espagne à déployer son armée et déclenchant une impasse diplomatique majeure entre les deux pays. Le Parlement européen est intervenu, reconnaissant que le Maroc manipulait l’immigration clandestine comme un outil de pression géopolitique. L’assouplissement délibéré des contrôles frontaliers par le Maroc met en évidence l’équilibre délicat que doit trouver l’Espagne entre la coopération avec le Maroc en matière d’immigration clandestine et la lutte contre ses manipulations politiques.

La stratégie d’apaisement de l’Espagne

Au lieu d’adopter une position ferme contre l’utilisation par le Maroc de l’immigration clandestine comme monnaie d’échange géopolitique, l’Espagne a poursuivi une stratégie d’apaisement ces dernières années, en accordant des concessions au Maroc et en évitant les actions susceptibles de le provoquer. Cette approche est devenue particulièrement évidente en 2022, lorsque l’Espagne a approuvé le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental, soutenant ainsi la souveraineté marocaine sur le territoire et abandonnant des décennies de neutralité.  


Pedro Sanchez rencontre le Premier ministre du Maroc, Saadeddine Othmani, dans le cadre de la Conférence intergouvernementale sur le Pacte mondial sur les migrations qui s’est tenue à Marrakech, en 2018. Photo de La Moncloa - Gobierno de España, sous licence CC BY-NC-ND 2.0.

La nouvelle stratégie d’apaisement de l’Espagne a été renforcée lors d’un sommet à Rabat en 2023. Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a exprimé l’intention de l’Espagne de réinitialiser et de réparer les relations avec le Maroc, en s’engageant au « respect mutuel » et à éviter les actions qui pourraient offenser « l’autre partie » ou les « sphères de souveraineté respectives » de l’une ou l’autre nation.

Cette stratégie d’apaisement a influencé le comportement politique au niveau national, le Parti socialiste ouvrier de Sanchez restant silencieux ou votant contre les résolutions critiques à l’égard du Maroc. En février 2023, le parti de Sanchez a notamment voté [aux côtés des députés du Rassemblement National français, NdlT] contre une résolution du Parlement européen exhortant le Maroc à respecter les droits humains. En poursuivant son objectif d’apaisement par-dessus tout, l’Espagne a compromis son engagement en faveur des droits humains, exposant une contradiction entre son image de défenseure ces derniers et ses actions dans ce contexte.

Les remarques de Sanchez soulignent les efforts de l’Espagne pour se positionner comme un partenaire mature et coopératif, prêt à faire des concessions sur les exigences politiques du Maroc en échange de la coopération de ce dernier sur des questions telles que la gestion de l’immigration clandestine, tout en plaidant subtilement pour une responsabilité réciproque de la part du Maroc.

En toute justice pour le Maroc, la stratégie d’apaisement de l’Espagne ne repose pas uniquement sur l’utilisation par le Maroc de la gestion de l’immigration clandestine comme monnaie d’échange. Elle reflète également l’alignement du Maroc sur les ambitions énergétiques de l’Espagne. Dans le contexte de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, les pays européens sont à la recherche de sources d’énergie alternatives, et le potentiel d’énergie renouvelable du Maroc ainsi que sa position stratégique en font un partenaire clé. L’Espagne, qui aspire à devenir une plaque tournante de l’énergie en Europe, a renforcé ses liens énergétiques avec le Maroc, continuant à rechercher l’apaisement non seulement pour faire face à l’immigration clandestine, mais aussi pour soutenir sa stratégie énergétique plus large. [en 2030, 50% de l’énergie éolienne produite par le Maroc devrait provenir du Sahara occidental occupé, NdlT]

L’utilisation par le Maroc de l’immigration clandestine comme monnaie d’échange s’est avérée efficace, en particulier dans le contexte actuel de l’UE, où la montée des mouvements d’extrême droite et le soutien croissant aux partis politiques d’extrême droite ont entraîné une évolution vers des politiques d’immigration clandestine plus dures et plus sécuritaires parmi les États membres. Dans ce contexte, le Maroc peut tirer parti de son contrôle sur les flux migratoires illégaux dans les enclaves espagnoles pour exercer une plus grande influence sur l’Espagne et d’autres États de l’UE - en l’utilisant finalement comme un outil pour faire avancer ses intérêts politiques et territoriaux.



dimanche 12 janvier 2025

Parité hommes- femmes au Maroc : La situation stagne, une étude le confirme. …

En dépit de l’introduction du principe de parité dans la Constitution de 2011 et la création prévue d’une Instance dédiée à la parité et la lutte contre la discrimination, celle-ci n’a toujours pas vu le jour. Les récents mandats gouvernementaux, au sein desquels des partis aux orientations variées se sont succédé, n’ont pas permis de concrétiser cette promesse, relève une étude de l’Institut marocain d’analyse politique (MIPA).

 
, 8/01/2025

L’étude baptisée « Le principe de parité politique stagne au Maroc » élaborée par Ikram Adnani, enseignante à l’Université Ibn Zohr à Agadir, a affirmé qu’il existe toujours bon nombre de facteurs ayant conduit au recul de la participation politique des femmes au Maroc.

Selon la chercheuse, la Constitution de 2011 marque un tournant décisif dans la promotion de la participation des femmes à la vie politique marocaine, en introduisant pour la première fois le principe de parité, un concept jusqu’alors absent des précédentes constitutions qui ne reconnaissaient que l’égalité des sexes. Ce principe est rapidement devenu un enjeu central dans les discours des mouvements féministes et des droits humains, entraînant plusieurs réformes législatives visant à renforcer la lutte contre toute forme de discrimination à l’égard des femmes, après l’échec du système de quotas.

Toutefois, bien que le cadre légal marocain soutient le principe de parité, la participation politique des femmes demeure insuffisante. Même avec l’augmentation du quota à 90 sièges lors de la dernière législature, la représentation en dehors de ces postes réservés n’a pas progressé de manière significative, a précisé la même source.

La chercheuse a expliqué qu’une Instance pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination a été créée, conformément à l’article 19 de la Constitution. Composée d’un président et de 24 membres choisis pour leur compétence et leur intégrité, cette instance a pour mission de formuler des recommandations législatives et de promouvoir les principes d’égalité et de parité. Cependant, malgré son importance et son cadre constitutionnel, cette instance reste inactive, ce qui nuit à l’avancement des droits économiques, sociaux et culturels des femmes. De plus, bien que des réformes aient été introduites dans diverses législations, comme celles relatives à la Chambre des représentants et aux partis politiques, la réalité du terrain montre que la représentation féminine dans les institutions politiques demeure insatisfaisante. Actuellement, dans un gouvernement de 28 ministres, seulement 7 femmes occupent un poste.

Les élections législatives de 2021 ont vu l’élection de 95 femmes sur 395 sièges, représentant 24,3% des élus. En revanche, seulement 5 femmes ont été élues sans recourir aux quotas, ce qui reste très faible. Dans d’autres instances, comme la Chambre des conseillers, les femmes ne représentent que 12% des élus, bien que leur présence soit un peu plus significative dans les conseils régionaux (38,5%) et municipaux (26,64%). Il est à noter que des avancées ont eu lieu avec l’élection de femmes à la tête de municipalités majeures comme Rabat, Casablanca et Marrakech, ainsi qu’à la présidence d’une région.

En dépit des progrès législatifs, le chemin vers une réelle parité et un changement tangible dans la représentation des femmes dans les structures politiques du Maroc reste semé d’embûches, nécessitant une volonté politique accrue et des mesures concrètes pour transformer les engagements en résultats tangibles, a indiqué l’auteure de l’étude.

Ces dernières années, bien que des efforts significatifs aient été réalisés pour améliorer la représentation des femmes dans les postes décisionnels, les partis politiques, qui devraient promouvoir la parité, favorisent souvent des candidats masculins, renforçant ainsi les stéréotypes de genre qui perçoivent les hommes comme les leaders naturels.

Le manque de soutien aux femmes pour accéder à des postes de décision, associé à des disparités économiques persistantes, avec seulement 20% de participation féminine au marché du travail en 2021, limite leurs chances de réussite. Les facteurs culturels contribuent également à cette situation, puisque de nombreux sondages montrent que la majorité de la population, tant masculine que féminine, considère les hommes comme plus aptes à des postes de leadership.

samedi 11 janvier 2025

Les ingénieurs interministériels poursuivent leurs débrayages

Les ingénieurs interministériels poursuivent leurs débrayages


 NEWS DAY FR, 09/01/2025

Les ingénieurs et architectes interministériels, réunis au sein de l’Union nationale des ingénieurs du Maroc (UNIM), entament l’année 2025 par de nouvelles grèves pour faire entendre leurs revendications visant à réorganiser leur profession et à améliorer leurs conditions de travail.

Trois revendications principales

Les ingénieurs et architectes interministériels, regroupés sous la bannière de l’UNIM, ont organisé une grève nationale les 8 et 9 janvier, accompagnée d’un sit-in ce jeudi 9 janvier. Cette mobilisation s’inscrit dans la continuité des actions menées les années précédentes pour réformer en profondeur un métier qu’ils jugent désorganisé et mal valorisé.

Leurs revendications s’articulent autour de trois axes principaux. Premièrement, ils réclament un nouveau statut fondamental pour les corps interministériels d’ingénieurs et d’architectes, remplaçant celui de 2011, devenu obsolète. Deuxièmement, ils réclament la création d’un corps national d’ingénieurs, à l’instar des ordres existants pour d’autres professions comme les médecins ou les avocats. Enfin, une convention collective est demandée pour mieux protéger les droits des ingénieurs travaillant dans le secteur privé.

Selon Abderrahim Handouf, président de l’UNIM, ces demandes n’ont pas encore été prises en compte par le gouvernement, même si des réformes similaires ont été accordées à d’autres professions. « Nous voulons mettre fin au chaos organisationnel dans notre secteur. Une structure comme un ordre des ingénieurs permettrait une gestion efficace du personnel et des compétences, en plus d’identifier les besoins de formation », souligne-t-il dans une déclaration à Hespress.

L’absence d’une telle organisation empêche, selon l’UNIM, de répondre aux défis cruciaux de la profession. Une ordonnance nationale offrirait une meilleure visibilité sur le nombre d’ingénieurs, leurs spécialités et les domaines souffrant de carences. Cela permettrait également de mieux aligner la formation sur les besoins du marché.

Les conditions de travail et les perspectives de carrière font également partie des préoccupations majeures des ingénieurs. Le pouvoir d’achat des ingénieurs aurait chuté de 25 % depuis 2011, nécessitant une augmentation de salaire. Le système d’avancement, jugé injuste, est également pointé du doigt : les ingénieurs ne bénéficient en moyenne que de deux promotions sur 20 ans de carrière. Pour ceux qui ont atteint 45 ans, les perspectives professionnelles deviennent quasiment inexistantes.

Enfin, cette mobilisation souligne également l’importance de moderniser la profession pour accompagner le développement du pays. Dans un contexte marqué par les défis économiques et technologiques, les ingénieurs estiment qu’une réforme en profondeur de leur statut et de leur organisation est indispensable pour garantir leur contribution optimale au développement national.

Avec ces revendications, l’UNIM espère sensibiliser les autorités et ouvrir la voie à un dialogue constructif pour l’avenir de la profession.

vendredi 10 janvier 2025

“Quiconque a une once d’humanité doit soutenir les Sahraouis”
Interview de Greta Thunberg

Francisco Carrión, El Independiente, 9/1/2024
Traduit par Tafsut Aït Baâmrane, Tlaxcala

Francisco Carrión (Grenade, 1986) est un journaliste espagnol qui travaille pour El Independiente. Au cours de la dernière décennie, il a été correspondant du quotidien El Mundo au Caire, couvrant les années les plus dramatiques de l'histoire de l'Égypte. Il a reçu une vingtaine de prix pour son travail et ses chroniques.

Elle vient de prendre le chemin du retour. Une semaine de voyage s’annonce, d’abord par la route à travers l’Algérie, puis par bateau jusqu’à la côte espagnole. L’activiste suédoise Greta Thunberg rentre chez elle après quelques jours sous les tentes de l’exil sahraoui, les yeux encore fascinés par la rencontre avec la cause du Sahara occidental, dernière colonie d’Afrique.

« Ma première impression est la détermination des Sahraouis à lutter sans relâche pour leurs droits, même s’ils ont été privés et dépouillés de leurs droits humains les plus fondamentaux et se voient constamment refuser le droit à l’autodétermination, le droit à la dignité et à la liberté, et sont privés de justice », déclare l’activiste climatique dans une conversation avec El Independiente avant d’entamer son voyage de retour.

Thunberg a participé à une réunion d’activistes climatiques organisée par Solidarity Rising, une organisation créée par les activistes suédois Sanna Ghotbi et Benjamin Ladraa, qui ont parcouru 30 000 kilomètres à vélo à travers 26 pays en deux ans et demi pour sensibiliser au Sahara occidental, l’ancienne province espagnole occupée par le Maroc depuis 1975. L’activiste suédoise de 22 ans (qu’elle a eu le 3 janvier), qui est devenue le visage de l’activisme climatique, a passé trois jours dans le camp de Boujdour.

Des enfants sahraouis lors d’un des événements organisés avec Greta Thunberg

De la Palestine au Kurdistan et au Sahara

Cette expérience lui a permis d’être captivée par l’hospitalité des Sahraouis. « J’ai été surprise de voir à quel point ils ont essayé de nous faire sentir chez nous, et ils ont réussi », a-t-elle déclaré à ce journal. Après avoir défendu la cause palestinienne l’année dernière, en pleine opération militaire israélienne dans la bande de Gaza, et s’être rendue au Kurdistan - le plus grand peuple sans État-nation de la planète - fin 2024, Greta  a visité les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf (Algérie), où vivent quelque 175 000 personnes. En 2025, cela fera 50 ans que l’Espagne s’est retirée de l’ancien Sahara espagnol, la 53e  province espagnole.
Selon Thunberg, le soutien à la cause sahraouie devrait être un exercice universel. « Il devrait être évident pour toute personne qui prétend avoir la moindre parcelle d’humanité de se solidariser avec le peuple du Sahara occidental et tous les groupes marginalisés, occupés ou opprimés ». « Bien sûr, leur lutte est notre lutte. Personne n’est libre tant que tout le monde ne l’est pas. Et tant que des gens souffrent, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour mettre fin à cette souffrance.
Thunberg, qui, adolescente, a inspiré les Fridays for Future et est devenue une éveilleuse de consciences pour une génération préoccupée par les ravages du changement climatique et la santé de la planète, affirme qu’« il n’y a pas de justice climatique sans droits de l’homme » et s’en prend au Maroc et à ses politiques. « En tant qu’activiste climatique, il existe des liens tels que le fait que cette région est l’une des plus durement touchées par la crise climatique alors que ses habitants sont parmi les moins responsables de celle-ci ».
Le séjour de Thunberg dans la hamada algérienne a laissé des traces. « Il lui a fallu une semaine pour venir de Stockholm en train, en voiture et en ferry, y compris un court séjour à Paris », explique Benjamin Ladraa, l’un des organisateurs. « Sa participation a été une occasion importante de discuter de la manière dont nous incluons et impliquons le mouvement climatique dans la lutte pour un Sahara occidental libre. Le Maroc fait de l’écoblanchiment en construisant de l’énergie « verte » dans le territoire occupé sans le consentement du peuple sahraoui. En tant qu’organisateurs, nous avons pensé qu’il était important de favoriser les relations entre le mouvement de solidarité, le peuple sahraoui et le mouvement climatique et nous ne pouvions pas penser à une meilleure personne que Greta pour faciliter cela », ajoute Ladraa.
Tant que les gens souffrent, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour mettre fin à cette souffrance.

« Sans droits de l’homme, il n’y a pas de justice climatique »

« Il est difficile de trouver des exemples plus clairs de l’injustice climatique et, bien sûr, de la surextraction et du pillage des ressources naturelles auxquels se livre le Maroc, qui vont de pair avec l’occupation et constituent eux-mêmes une étape de l’occupation. « En tant qu’activistes climatiques, nous devrions nous préoccuper et parler de questions telles que le Sahara occidental, le conflit et l’occupation parce qu’en fin de compte, nous sommes passionnés et soucieux du bien-être humain et de mettre fin aux injustices, qu’elles soient sociales ou climatiques », affirme-t-elle.

Nous devons nous joindre aux appels pour un Sahara occidental libre. Nous n’avons tout simplement pas d’autre choix

Pour Thunberg - qui a été la cible d’attaques israéliennes au cours de l’année et demie écoulée et qui devra maintenant ajouter les attaques du régime marocain - les injustices sociales, politiques et climatiques « font partie de la même lutte » dans un monde confronté aux conséquences dramatiques du réchauffement dû aux combustibles fossiles.
« Nous luttons contre les mêmes systèmes. Ce sont les mêmes systèmes qui alimentent le colonialisme et les occupations qui alimentent aussi l’exploitation capitaliste et la surexploitation de la nature et des êtres humains. Et tous ceux qui ont une plateforme, tous ceux qui ont la possibilité d’agir doivent élever leur voix, faire connaître le Sahara occidental et le peuple sahraoui, et se joindre aux appels pour un Sahara occidental libre. Nous n’avons tout simplement pas d’autre choix », conclut-elle.

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jeudi 9 janvier 2025

Maroc-Algérie : la guerre de l’eau

Les relations entre le Maroc et l’Algérie ne cessent de se détériorer comme en a témoigné la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays en 2021. Mais un nouveau front s’est ouvert ces derniers mois, celui de l’eau, avec la construction d’un barrage dans une zone frontalière et contestée.
, Orient XXI, 8/1/2025


Maroc, 2021. Barrage de Kadoussa sur l’oued Guir, à proximité de la frontière avec l’Algérie. Photo LARBI EL ALLALI 

La donne a changé avec la construction d’un barrage, en amont, en territoire marocain. L’oued Guir draine les eaux du versant sud des montagnes du Haut Atlas marocain et s’étend sur plus de 400 kilomètres. La mise en service du barrage de Kaddoussa a eu lieu en 2021 et la réduction du débit de l’oued Guir a été fatale pour le lac de barrage de Djorf Torba situé en aval en territoire algérien et inauguré dans les années 1960. Un barrage qui, jusqu’à ces dernières années, alimentait les 200 000 habitants de la ville de Béchar et ses environs ainsi que les 5 000 hectares du périmètre agricole d’Abadla. Une région qui a été longtemps revendiquée par le Maroc.

Les sécheresses de ces dernières années avaient déjà réduit le débit de l’oued Guir et l’approvisionnement en eau des habitants de Béchar, mais, avec le barrage de Kaddoussa, ses habitants se sont retrouvés privés d’eau. Les autorités algériennes ont alors ordonné la réalisation express d’un transfert des eaux du champ de captage de Guetrani, une région riche en eau.

Des travaux pharaoniques

Ce transfert se fait sur une distance de 200 kilomètres et les travaux sont pharaoniques. En janvier dernier, à Béchar, le ministre algérien de l’Hydraulique en a donné le détail :

Ce projet d’envergure d’un coût de plus de 30 milliards de dinars algériens (213 millions de d’euros) porte sur la réalisation de 26 forages, d’une canalisation de conduite vers Béchar de 213 kilomètres, d’un réseau de collecte des eaux des mêmes forages sur un linéaire de 57 kilomètres, et de trois grandes stations de pompage, permettra l’acheminement d’une quantité d’eau estimée à 80 000 m3 par jour.

La chaîne de télévision algérienne Ennahar TV s’est particulièrement illustrée dans la promotion de ce projet. En janvier 2024, lors d’une émission largement suivie en Algérie, l’animateur Cheikh Ennoui s’est employé à flatter la fibre nationaliste des téléspectateurs en présentant ces travaux comme une réponse au défi des autorités marocaines.

L’assèchement du lac de barrage de Djorf Torba s’est traduit par un désastre écologique avec la disparition de dizaines de milliers de poissons et d’une halte pour les oiseaux migrateurs. Les loutres qui avaient été introduites sur le site n’ont dû leur salut qu’à leur transfert vers les berges d’autres barrages.

S’estimant lésée, l’Algérie a porté l’affaire sur la scène internationale. D’abord le 20 mai 2024, lors du Forum mondial de l’eau à Bali, puis du 23 au 25 octobre à Ljubljana (Slovénie) à l’occasion d’une réunion relative à la Convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontaliers. À Bali, Taha Derbal le ministre algérien de l’Hydraulique a dénoncé « un assèchement systématique des barrages et des sources d’eau » de l’extrême ouest du pays. Sans citer le Maroc, il a accusé « l’un des pays voisins, [qui] par ses comportements irresponsables, a perturbé l’équilibre écologique, ce qui a gravement affecté la faune et la flore le long des frontières occidentales [de l’Algérie] ». À Ljubljana, les pratiques du voisin marocain ont été dénoncées par Taha Derbal : « Les régions ouest et sud-ouest de l’Algérie subissent des effets négatifs résultant des pratiques de l’État voisin, le Maroc, obstruant et détruisant les eaux de surface transfrontalières » selon l’agence Algérie Presse Service (APS).

L’adduction en eau potable de la ville de Béchar et l’assèchement du secteur agricole ne constituent pas les seuls secteurs demandeurs en eau. Les besoins augmentent également du fait de projets industriels. En mai 2024, l’APS a annoncé qu’à Béchar « les travaux de réalisation de la 1re unité mixte de production de concentré de minerai de fer sont lancés ». Une exploitation minière dont les revenus devraient tenter de contrebalancer ceux en déclin qui proviennent de la vente des hydrocarbures. Il s’agit d’une unité de production de concentré de minerai de fer provenant du gisement de fer de Gara-Djebilet (Tindouf) et destiné au futur complexe sidérurgique de Toumiat (Nord de Béchar). Un minerai amené par une ligne de chemin de fer longue de 900 kilomètres qui devrait être réalisée par des entreprises chinoises pour un montant d’un milliard de dollars.

En octobre 2023, le quotidien El Moudjahid indiquait qu’un « gigantesque poste de transformation » électrique et une station d’approvisionnement en gaz naturel devraient être réalisés afin de satisfaire les besoins en énergie du futur complexe. Un complexe qui devrait consommer de grandes quantités d’eau en provenance du champ de captage de Guetrani, de la station d’épuration des eaux usées de Béchar et de celles recyclées au niveau du complexe industriel.

Un barrage pour exporter des dattes

Les déclarations de Taha Derbal ont suscité des réponses acerbes du côté marocain. Le média Le360Maroc notait le 22 mai 2024 :

 On retiendra surtout que le régime d’Alger s’échauffe pour mener une autre “guerre” au Maroc, celle voulant que le Royaume soit responsable de son impéritie, en l’occurrence dans la gestion d’un secteur aussi stratégique que l’eau.

Les autorités marocaines ne semblent pas réagir à ces déclarations et se contentent de souligner qu’avec une capacité potentielle de 220 millions de m3, le barrage de Kadoussa devrait permettre de régulariser l’approvisionnement en eau dans la vallée de Boudnib, d’irriguer une superficie supplémentaire de 5 000 à 6 000 hectares et de permettre le développement de la production de dattes. Dès 2022, l’Agence française de développement (AFD), collaboratrice du projet, a émis, des réserves1 en faisant remarquer que dans la zone que doit irriguer le barrage se trouvent à côté de petites exploitations, « des exploitations de grande taille [qui] se développent à l’extérieur des zones oasiennes, puisent l’eau dans la nappe profonde et visent à produire intensivement des dattes. » L’AFD s’inquiétait de la concurrence pour l’eau entre ces grandes exploitations et les petits agriculteurs des oasis :

Néanmoins, ces opportunités ne pourront se matérialiser durablement sans la garantie d’un équilibre territorial et la promotion d’un élan économique inclusif, en particulier pour la population oasienne et la bonne gestion de la ressource en eau pour assurer son exploitation durable.

L’objectif du ministère marocain de l’agriculture est de produire 40 000 tonnes de dattes par an pour approvisionner le marché intérieur et extérieur. « À terme, le Maroc pourrait ainsi devenir l’un des premiers producteurs mondiaux de dattes », notait encore l’AFD.

Cette stratégie des grands barrages est dénoncée par l’économiste marocain, Akesbi Nadjib, pour son caractère « hydrovore » car l’eau mobilisée sert principalement aux cultures d’exportation cultivées dans un environnement aride. Mohamed Tahar Essraïri de l’Institut agro-vétérinaire de Rabat dénonce dans la presse locale l’extension des surfaces plantées en palmiers dattiers. Celles-ci nécessitent de répondre à une demande en eau de l’ordre de 1 200 mm alors que la pluviométrie annuelle est inférieure à 200 mm, ce qui oblige de continuelles ponctions sur les rares ressources en eau locales. Une situation préoccupante pour l’AFD : « Le rythme très rapide de développement des superficies exploitées en palmiers dattiers fait craindre que le plafond de 15 000 hectares retenus dans le contrat de nappe ne soit pas respecté. » L’AFD se déclarait sceptique en décembre 2023 lors d’un bilan de mi-parcours : « Le barrage n’est rempli qu’à 10 % deux ans après la fin des travaux et les ressources en eau de surface mobilisables risquent de s’avérer inférieures aux prévisions. »

L’envasement, un ennemi commun

Les pluies exceptionnelles du mois de septembre 2024 ont permis un réapprovisionnement du lac du barrage de Djorf Torba, notamment grâce à l’apport des eaux de l’oued Zouzfana. L’Agence algérienne des barrages annonce un remplissage « record » de près de 250 millions de m3 sur une capacité de 365 millions m3. Cependant, selon l’agence, le niveau d’envasement du barrage « a incité à ouvrir plusieurs de ses vannes pour sécuriser l’infrastructure de retenue ». Selon les spécialistes, plus dense que l’eau, la boue accumulée contre le barrage exerce une pression supérieure à celle de l’eau et peut menacer la stabilité de la retenue. Côté marocain, selon des chiffres officiels, l’impact de l’envasement sur les capacités de stockage en eau de tous ses barrages atteint 75 millions de m3 par an, soit un volume total perdu de 2,7 milliards de m3. L’équivalent de trois grands barrages. En janvier 2024, Nizar Baraka a révélé que le Maroc faisait face à une évaporation journalière de plus de 1,5 million m3 d’eau.

Entre approvisionnements des populations en eau potable, projet marocain d’exportation de dattes et projet sidérurgique algérien, la demande en eau devrait augmenter dans la zone frontalière des deux pays. En attendant, le Maroc et l’Algérie doivent affronter un ennemi commun : l’envasement de leurs barrages et l’évaporation.

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 Crise hydrique : le Maroc parmi les pays les plus touchés en 2024

TelQuel, 8/1/2025
Un rapport récent de l'Observatoire mondial de l'eau (Gobal Water Monitor) place le Maroc dans une position préoccupante en matière de gestion des ressources hydriques. En 2024, le Royaume a enregistré des niveaux historiquement bas d’eau de surface, se classant parmi les 15 pays les plus touchés par cette crise.
Selon ce
rapport annuel, le Maroc a également figuré parmi les 11 pays ayant atteint des niveaux critiques dans l’indice d’équilibre des eaux souterraines, parmi les 8 pays à travers le monde ayant enregistré les plus faibles performances en matière d’indice de végétation (NDVI), et parmi les 12 pays ayant connu un nombre record de jours de gel.
Le rapport met en lumière un certain nombre de facteurs ayant contribué à cette situation : des précipitations insuffisantes, des épisodes prolongés de sécheresse, et une augmentation des températures. Les systèmes hydrologiques mondiaux, y compris ceux du Maroc, sont soumis à une pression croissante, alimentée par des phénomènes climatiques extrêmes comme des inondations intenses ou des périodes de sécheresse prolongée.
Le rapport souligne que cette situation compromet de manière significative la sécurité hydrique et alimentaire, augmentant les risques pour les infrastructures, les écosystèmes et les populations. En outre, la raréfaction des ressources en eau pourrait également exacerber les disparités sociales et économiques, en particulier dans les zones rurales déjà vulnérables.
Dans ses conclusions, l’Observatoire mondial de l’eau lance un appel urgent aux gouvernements et aux parties prenantes pour mettre en place des mesures concrètes visant à atténuer les impacts de cette crise hydrique. Le document recommande notamment une gestion plus efficiente des ressources en eau, l’investissement dans des infrastructures résilientes, ainsi que le développement de solutions innovantes pour faire face à l’avenir incertain d’un climat de plus en plus instable.





mercredi 8 janvier 2025

Le Maroc accusé face aux vies sacrifiées des femmes et enfants migrants

Migrants clandestins

Des migrants clandestins

Plus de 10 000 victimes en 2024, dont une proportion croissante de femmes et d’enfants. C’est le terrible bilan que dresse l’Observatoire des Droits Humains de Ca-Minando Fronteras dans son dernier rapport. « L’augmentation observée s’élève à de plus de 58 % par rapport à l’année dernière, avec un total de 10 457 victimes […] Alors que la moyenne était de 18 victimes par jour en 2023, elle passe à 30 personnes en 2024. » Une crise humanitaire qui s’aggrave, particulièrement sur les routes atlantiques, où le Maroc occupe une position centrale.

La vulnérabilité des femmes et des enfants

« J’ai perdu mes deux enfants, les seuls que j’avais. J’ai dû fermer leurs yeux et les jeter à la mer. […] Nous avons demandé de l’aide, mais personne n’est venu à notre secours. Nous sommes restés 11 jours en mer. Mes enfants étaient de plus en plus faibles, je leur ai donné ma part de nourriture, mais ils étaient mourants. Ils sont morts dans mes bras. » Ce témoignage glaçant illustre la tragédie qui se joue quotidiennement en mer.

Les femmes qui représentent entre 10 et 20 % des passagers, fuient souvent des situations extrêmes : mariages forcés, violences sexuelles, pauvreté chronique et conflits armés. Leur exode les expose à de nouveaux dangers : exploitation sexuelle, traite humaine et conditions de vie dégradantes dans les pays de transit.

Les enfants, accompagnés ou non, sont particulièrement touchés. Le rapport signale une hausse significative du nombre de mineurs sur ces routes en 2024, notamment via la Mauritanie et le Maroc. Issus de zones de conflit ou de régions affectées par le changement climatique, beaucoup succombent à la faim ou à la soif durant la traversée.

Le Maroc au cœur des enjeux 

En tant que pays de transit majeur, le Maroc cristallise les tensions entre les politiques d’externalisation des frontières européennes et la protection des droits humains. Les défaillances sont multiples : opérations de sauvetage maritime sous-équipées, manque de coordination entre pays, embarcations en détresse ignorées pendant des jours. Le rapport pointe également des pratiques de criminalisation des migrants : arrestations arbitraires, expulsions vers des zones désertiques et violences.

Vers une refonte des politiques migratoires

Face à cette « nécrofrontière », Ca-Minando Fronteras appelle à des changements urgents :

  • Renforcement des moyens de recherche et de sauvetage
  • Mise en place de protocoles spécifiques pour les femmes et les enfants
  • Abandon de la criminalisation des migrants au profit d’une approche centrée sur les droits humains

Les accords entre l’Union européenne et le Maroc, axés principalement sur le contrôle des flux migratoires, doivent être repensés pour placer la dignité humaine au cœur des priorités. Une nécessité vitale alors que le bilan humain ne cesse de s’alourdir.

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